Les «gilets jaunes» se trompent: la vie à Paris n'a rien d'un conte de fées


Texte trouvé sur internet, laissons à l'auteur la responsabilité de son propos. Par contre nous dirons qu'il illustre les incompréhensions entre citoyens, ....

" J'ai appris cette semaine que je faisais partie non seulement de l'élite mais aussi de l'élite mondialisée. . J'ai aussi appris que j'étais riche à en crever. J'en ai aussitôt averti mon banquier qui, après vérification, a tenu a démentir avec véhémence cette affirmation: «Vous êtes tellement dans le rouge que mes collègues vous surnomment Mercurochrome». Le rat. Quoi d'autre? Ah oui que puisque je vivais en ville, j'étais un privilégié, un bobo de la pire espèce qui méprisait les classes populaires tout en allant de bombance en bombance.
La bonne blague.
Il y a vraiment quelque chose que les «gilets jaunes» devraient comprendre: vivre à Paris n'a rien d'un conte de fées. La preuve: aussitôt que j'ai pu, je m'en suis enfui. J'avais passé quarante ans à l'arpenter et je n'en pouvais simplement plus. Prétendre que les Parisiens, tous les Parisiens, roulent sur l'or est juste un mensonge. Un de plus. Pour un grand nombre de ses habitants, vivre dans la capitale ressemble à un véritable chemin de croix. Le prix du mètre carré est exorbitant au point qu'il faut s'entasser à deux, à trois, à quatre, dans des appartements lugubres dont la superficie équivaut à peine celle d'une niche à escargots.
Certes, les Parisiens n'ont pas à se farcir des kilomètres et des kilomètres pour se rendre à leur lieu de travail –mais est-ce de leur faute? Ils doivent juste apprendre la survie en milieu hostile quand il leur faut s'entasser dans des métros bondés qui sentent bon la promiscuité, la douce odeur des corps aigres de sueur, le suave parfum d'aisselles cuisinées au jus de chemise. Sans parler de la folle gaieté des couloirs du métro, ces havres de paix qui ressemblent à des coursives de l'enfer. Les changements de ligne à en avoir le tournis. La foule partout. La foule tout le temps. La même foule qu'on retrouve compressée, entassée, comprimée dans des bus qui pratiquent le surplace avec une obstination appliquée. L'extase.
Si par malheur le Parisien doit tout de même prendre sa bagnole, le voilà parti pour un voyage dont nul ne sait la durée. Les embouteillages, les queues de poisson, les carrefours impossibles à franchir, les cris, les insultes, les coups de klaxon, les vociférations des uns et des autres, l'heure qui tourne, la rue bloquée, les avenues congestionnées, le périph saturé, le conn... de camion qui ne veut pas avancer, le fils de p... de piéton qui se croit sur une piste de ski, l'enc... de cycliste avec son arrogance de bobo de mes deux. Le vrai bonheur de la conduite urbaine magnifiée par la recherche d'une place de stationnement introuvable, le tour du pâté de maison, le tour du quartier, le tour de la ville, le tour du monde, le tour de la lune, avant de dénicher un espace où ranger sa caisse. Le pied absolu.
Le coût de la vie. Les gens aussi aimables qu'une boîte de suppositoire. L'absence de verdure. La pollution. La densité. La saleté. La rudesse des comportements. L'incivilité. L'énervement des banlieusards encore plus à plaindre que les autochtones. Les trajets qui n'en finissent pas. Les parcmètres. La grisaille. Les attentats ! La mastication de la grande ville qui broie ses propres habitants avec la voracité de l’ogre jamais repu. Le bonheur.
Comme si nombre de Parisiens n'avaient pas, eux aussi, leurs difficultés à boucler leur fin de mois. Comme s'ils crevaient tous sous leur poids d'or. Comme si leur journée était un immense et continuel lupanar où ils iraient de fêtes en fêtes, de parties fines en parties fines, de restaurants gastronomiques en restaurants gastronomiques, au bras de quelque Brigitte cuivrée. Qu'on se le dise: Paris a ses gens aisés comme la province a ses bourgeois et ses notaires. Et Paris a ses miséreux, ses désespérés, ses naufragés, ses précaires, dont les vies s'effritent dans l'anonymat impitoyable de la grande ville.
Qu'est-ce donc désormais que ce tableau apocalyptique qu'on nous présente quand on nous parle des périurbains, des provinciaux, des ruraux? Alors quoi, ils vivent tous dans des camps de concentration, dans des taudis, dans des caves insalubres, occupés à manger ce que les rats ont bien voulu leur laisser? Les pavillons individuels avec jardin et garage ne sont que des mirages vendus par des marchands immobiliers sans scrupule? La vie au grand air, les forêts toutes proches, les installations sportives à portée de kilomètres, l'espace, la tranquillité –je ne parle pas là de la vie dans les cités– la fluidité dans les déplacements, sont-ce là aussi des fantasmes, des chimères qui ne sont en rien le quotidien de nos «gilets jaunes» dont on voudrait absolument nous faire croire que leurs vies sont dignes des romans de Zola?
De qui se moque-t-on?
Oui, Paris a une vie culturelle infinie mais qui a le temps, l'argent, l'énergie pour en profiter pleinement, si ce n'est des touristes de passage, des gens au portefeuille bien garni qui ne constituent en rien le peuple de Paris ? Une heure passée à marcher le long d'une rivière, loin de toute présence humaine, dans le calme de la campagne, vaut bien mille représentations de l'Avare, fusse dans le décor prestigieux de la Comédie Française.
Et quand les «gilets jaunes» viennent manifester  à Paris, qu'ils y restent donc.
Ils sauront alors que Paris, si jamais elle l'a été, n'est plus une fête depuis bien longtemps."

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